Introduction à la voltige 4/7
Le matériel adapté à la pratique de la voltige
Il est possible de faire de la voltige avec la plupart des parapentes et la plupart des sellettes… Mais il faut savoir que les possibilités de manœuvres, la difficulté d’apprentissage, le vieillissement et la sécurité dépendent beaucoup du matériel.
Les constructeurs proposent une gamme très vaste de matériel adapté à des formes de pratiques très variées et de plus en plus spécifiques.
Il existe bien du matériel polyvalent avec lequel il est possible de randonner en montagne, de voler en thermique, de faire de petits cross et même de réaliser les manoeuvres de base de la voltige. Mais une telle polyvalence rend ce matériel très moyen pour chacune des formes de pratique. Pour accéder à un certain niveau en voltige, il n’y a pas de mystère : il faut s’équiper d’un matériel adapté et spécifique.
Vous avez sûrement remarqué que les ailes de voltige sont petites et ne planent pas très bien. En revanche elles sont particulièrement renforcées pour accepter les manoeuvres sans vieillir trop vite et sans risquer la rupture. En effet, la pratique de la voltige sollicite beaucoup le matériel. Il n’est donc pas recommandé de s’équiper d’une aile et d’une sellette allégées. Si vous avez une aile “montagne” avec un tissu léger et des suspentes fines, il vaut mieux éviter de pratiquer la voltige !
Le choix de la voile
Voyons quelques éléments qui interviennent directement dans le comportement de la voile.
La capacité à réaliser la SAT
La SAT est une manoeuvre de base en voltige. C’est même une des manoeuvres les plus faciles et parmi les premières manoeuvres à travailler.
Certaines voiles sont très faciles en SAT, d’autres sont plus délicates.
Attention ! Certaines voiles ne passent pas la SAT.
La voile ferme systématiquement son bout d’aile extérieur et se met à vibrer.
Si vous souhaitez faire de la voltige, il faut donc s’assurer de choisir une voile compatible avec cette manoeuvre. Car sans la SAT la palette de manoeuvres devient très limitée.
Comment savoir si une voile passe la SAT ? Renseignez-vous ! Le mieux est de connaître des pilotes qui utilisent la voile en question et qui font des SAT avec. Vous pouvez peut être chercher des exemples de vidéos sur internet avec comme mots clefs le nom de la voile et SAT. Vérifiez que le bout d’aile extérieur reste bien gonflé dans la manoeuvre.
L’allongement
Comme pour tous les parapentes, l’allongement donne une idée du niveau de difficulté d’une voile.
Une voile peu allongée est plus facile. Elle a tendance à moins fermer en bout d’aile et à moins cravater. Mais elle est souvent moins performante, son roulis est moins amorti, et le débattement aux commandes est plus long.
La longueur du cône de suspentage
Plus le cône de suspentage est long, plus la voltige va être aérienne avec des mouvements pendulaires amples, énergiques et longs dans la durée.
En contrepartie un long cône donne davantage de “force centrifuge” et augmente la difficulté de certaines manoeuvres comme l’hélicoptère.
Un cône trop court rend tous les mouvements pendulaires rapides mais sans énergie. Les abattées aérodynamiques sont très rapides et il faut de bons réflexes. La voltige obtenue n’est pas très gracieuse.
Le débattement aux commandes
Si un long débattement aux commandes est un facteur de sécurité pour un pilote débutant, cela devient vite un handicap pour la voltige en obligeant le pilote à faire de grands gestes et parfois à réaliser des tours de freins.
Plus vous serez précis et plus vous serez à la recherche d’une voile à petit débattement.
L’effort aux commandes
Certaines manoeuvres peuvent s’avérer extrêmement physiques à la commande. Parfois les pilotes ne parviennent pas à provoquer la manoeuvre par manque de force ! Une voile légère à la commande est donc un atout pour la voltige.
La solidé structurelle
La voltige sollicite beaucoup la voile qui doit être construite de manière particulièrement robuste.
Le poids de la voile peut être un indicateur : une voile légère risque de ne pas faire de vieux os si vous pratiquez régulièrement la voltige.
La résistance aux fermetures
Une bonne voile pour la voltige doit être particulièrement résistante à la fermeture. Notamment les fermetures de bout d’aile.
La charge alaire
La charge alaire est le critère le plus important !
Il s’agit du rapport entre le poids total en vol (pilote tout équipé + sellette + voile) et la surface à plat de la voile. Elle s’exprime en kg par m2.
Une aile bien chargée rend la voile plus vive et plus réactive. Cela diminue le débattement et l’effort aux commandes, rend la voile plus résistante aux fermetures, et facilite la plupart des manoeuvres.
En revanche il faut avoir de l’expérience pour s’équiper d’une voile de petite surface.
Par exemple pour apprendre l’hélicoptère, il est recommandé d’utiliser une aile plutôt grande. Tous les pilotes qui s’équipent de voile trop chargée pour apprendre l’hélicoptère perdent beaucoup de temps, se font peur, voire se découragent et finissent par abandonner.
Il faut augmenter la charge alaire très lentement ! Lorsque vous sentez que la surface de votre voile devient un handicap il est peut être temps d’essayer une voile légèrement plus petite. Normalement en prenant une voile plus petite, toutes les manoeuvres devraient s’avérer plus faciles. Si vous trouvez que c’est plus difficile, c’est que vous n’êtes pas prêt pour cette surface.
La charge alaire influence directement le comportement de la voile.
- En dessous de 3 kg/m2 la voile risque de s’avérer trop molle pour la voltige.
- Entre 3,5 et 4,5 kg/m2 le comportement est celui d’une voile de freestyle.
- Entre 4,5 et 5,5 kg/m2 le comportement est celui d’une voile de voltige.
- Les charges alaires au delà de 5,5 sont réservées aux pilotes de voltige de compétition.
- Au dessus de 6,5 le comportement de la voile est particulièrement radical !
Voici un tableau pour vous aider à faire votre choix.
Les constructeurs peuvent avoir des recommandations légèrement différentes.
Les ailes polyvalentes et les ailes pour débuter
Il n’est pas recommandé de débuter la voltige avec une voile trop petite et trop spécifique. Le pilote risque d’être dépassé par la vivacité des réactions et l’intransigeance vis à vis des petites erreurs de débutant. Il vaut mieux faire ses armes avec une aile peu allongée et de taille raisonnable.
Si vous voulez pouvoir voler en thermique, faire de petits cross et débuter la voltige avec une seule et même voile, je vous conseille de vous équiper d’une aile homologuée en B. Une B gentille et non pas une “B+”.
Il faut bien sûr choisir un modèle qui “passe” la SAT : renseignez-vous.
Positionnez vous en haut de la fourchette de poids. Mais attention à ne pas prendre une aile trop petite ce qui rendrait beaucoup plus difficile l’apprentissage de l’hélicoptère !
Vous aurez la possibilité de faire des manoeuvres comme :
- les wing-overs, 360 asymétriques et inversions,
- la SAT,
- l’hélicoptère,
- les enchaînements (SAT to Hélicoptère et peut être même Hélicoptère to SAT, voire le twister),
- des Mac twist de débutant,
- des Misty Flip de débutant,
- et peut être même vos premières SAT asymétriques.
De quoi s’occuper !
Les ailes de freestyle
Sous l’appellation freestyle, le constructeur garantit que la voile passe quasiment toutes les manœuvres dans les mains d’un pilote expérimenté. La voile étant destinée à faire de la voltige, sa construction est robuste : choix des matériaux, renforts, diamètre des suspentes…
Mais une aile freestyle doit aussi permettre une pratique relativement polyvalente du parapente c’est à dire permettre de voler en thermique dans des conditions “normales” et avoir une finesse suffisante pour réaliser de petites ballades sur site.
Attention “aile de freestyle” ne veut pas dire voile de débutant en voltige !
Ce sont des ailes exigeantes dont le niveau d’accessibilité dépend beaucoup de la charge alaire.
Si vous savez déjà faire des hélicoptères vous pouvez vous situer entre 3,5 et 4,5 kg/m2.
Si vous voulez apprendre l’hélicoptère, prenez plus grand !
Les ailes de voltige
Il s’agit d’ailes vraiment dédiées à une pratique voltige exclusive. Pas pour faire des wing-overs et des SAT… Pour faire des Infinity tumblings et participer aux compétitions !
Ces ailes ne planent vraiment pas bien et dégradent beaucoup le taux de chute en virage. Un pilote qui veut avoir une forme de pratique plus habituelle doit se munir d’une autre voile pour le thermique et le cross sans quoi il risque de déprimer à chaque transition ou chaque fois que les conditions ne sont pas fumantes.
Impact de la voltige sur le vieillissement des ailes
Une pratique intensive de la voltige sollicite la voile. Mêmes les voiles spécialement conçues pour la voltige ne font pas de vieux os dans les mains d’un pilote qui vole tous les jours. Bien souvent, c’est la voilerie qui finit par être trop déformée. La voile perd en vivacité et ne passe plus certaines manœuvres. Mais les ruptures de suspentes sont possibles si le pilote néglige un entretien régulier.
Attention ! Des noeuds ou des têtes d’allouettes diminuent considérablement la résistance des suspentes !
Certains constructeurs recommandent une révision et un changement des suspentes après 150 heures de vol.
Les pilotes les plus chevronnés consomment plusieurs voiles par an !
A propos des commandes de frein
Pour la voltige il est impératif d’avoir les freins bien réglés. Le point de contact doit être le plus haut possible tout en permettant de libérer totalement les freins. En effet on a plus de précision et plus de force sur des gestes effectués au dessus de l’épaule.
Les ailes de freestyle et de voltige ont des sangles de déport de poulie situées en haut des élévateurs. Et elles sont en général assez longues. Parfois les pilotes n’ont même plus de poulie : on appelle ça avoir des freins libres. La poignée est reliée aux élévateurs par un élastique.
Avec les autres voiles il peut s’avérer utile de “customiser” cette sangle, c’est à dire la remplacer par une plus longue et accrochée tout en haut des élévateurs.
Sur la photo ci-dessous, on peut voir la modification.
Il est possible de scotcher l’ancienne poulie pour ne pas qu’elle dérange ou, mieux que du scotch, un élastique ou un bout de chambre à air de VTT.
Pourquoi une sangle longue ou des freins libres ?
En plus de procurer davantage de force et de précision, cela permet un certain pilotage latéral.
Le pilotage latéral ?
En général, on utilise les freins de haut en bas. Mais il faut savoir qu’il est possible de piloter latéralement, de gauche à droite ou plutôt de l’intérieur vers l’extérieur. Cela modifie la façon dont le freinage agit sur le bord de fuite.
En tirant vers l’intérieur, on agit plus sur le bout d’aile et moins au centre de la voile.
Cela rend l’action à la commande plus vive : la voile tend à tourner plus rapidement avec un mouvement de roulis plus important. Mais en marche arrière ou en Hélicoptère, cela provoque une fermeture du bout d’aile.
En tirant vers l’extérieur, on agit plus sur le centre de la voile et moins sur le bout d’aile.
La mise en virage est plus molle mais en marche arrière ou en hélicoptère, cela permet d’obtenir plus facilement une voile toute ouverte.
Les poignées avec barre
Compte tenu de la force nécessaire pour certaines manoeuvres, réaliser des tours de frein peut s’avérer douloureux.
Depuis les années 2002 et les premières SAT asymétriques, les pilotes ont inventé des poignées avec une petite barre, parfois même deux étages de barre.
Attention ! Ce système n’est valable que pour les ailes à petit débattement car cela empêche de réaliser des tours de frein. Si vous utilisez une voile polyvalente à long débattement aux commandes, je ne recommande pas ce type de poignée.
Les sellettes adaptées
Pour faire de la voltige, le pilote doit être en position assise. Oubliez votre cocon ! Il est possible d’utiliser un cale pieds mais pas pour garder les jambes tendues ! Au contraire pour rester assis, jambes repliées mais maintenues.
Une bonne sellette pour la voltige doit être sobre. Tout ce qui dépasse (boucles de réglage, sangle) peut être source d’emmêlements. Il faut bien sûr une sellette solide et surtout permettant un bon maintien du pilote en position assise. Un peu comme un pilote de rallye met des sièges baquets pour être parfaitement soutenu dans les virages et aux cours des différentes secousses… Si le pilote bouge dans son siège, il ne peut pas avoir de gestes précis à la commande.
Le réglage de la largeur de planchette
Il faut que la largeur de la planchette soit bien adaptée. Un grand pilote possédant un postérieur étroit, doit souvent ”raboter” la largeur de la planchette pour être correctement maintenu.
Deux parachutes de secours ?
On a beau être le plus progressif possible, lorsque l’on fait de la voltige, on s’expose à des risques de grosses cravates et de twist. La probabilité de devoir utiliser son parachute de secours est donc plus forte. Vu les différentes situations où l’on sait que l’ouverture du secours peut être compliquée (autorotation de type SAT, parachutale) il est vivement recommandé à un pilote de voltige de s’équiper de deux secours. Les sellettes construites pour la voltige possèdent deux containers à secours. Dans le cas échéant il est possible d’installer un secours en position ventrale : s’il est léger, il ne perturbe pas trop le pilotage. Dans ce cas, il vaut mieux faire passer les élévateurs du secours du côté opposé au premier secours. Il est toujours bien d’avoir le choix de jeter à droite ou à gauche.
Parachute dirigeable ?
Un parachute qui permet de se diriger est bien utile lorsque l’on ouvre avec suffisamment de hauteur. Cela permet d’éviter un obstacle majeur et de ”choisir” sa zone d’impact.
Comme nous en avons déjà parlé au chapitre sur le parachute de secours (ici) il existe deux possibilités :
- Les parachutes de type Rogallo
- Le base système.
Attention ! Nous ne sommes pas autorisés à larguer quoi que soit en vol.
Pas même une voile. Il faut savoir que votre assurance en responsabilité civile aérienne ne vous couvrira pas si votre aile provoque de graves et coûteux dommages à des tiers.
Réglage de la ventrale.
Dans les années 1995 à 2002, les pilotes de voltige volaient tous avec des ventrales ouvertes au maximum afin de permettre une grande amplitude d’action. C’est toujours valable pour les pilotes volant avec de ”grandes” voiles. Mais avec l’apparition d’ailes spéciales voltige, et surtout avec la diminution des tailles de voile, il n’est plus nécessaire de se mouvoir beaucoup dans sa sellette. On constate même que beaucoup de voltigeurs surpilotent à la sellette lorsqu’il garde la même gestuelle qu’avec de grandes voiles (un surpilotage à la sellette entraîne par exemple des mouvements trop importants de roulis dans certaines manœuvres comme les wing over, 360 asymétrique et autres ”looping”)… Avec de petites voiles de voltige, il est donc préférable de serrer davantage la ventrale pour permettre un très bon maintien du pilote au cours des différentes manœuvres et éviter le surpilotage. Il faut tout de même un écartement entre les deux mousquetons pas plus petit que la largeur de votre basin sans quoi le risque de twist devient trop important…